Être un dirigeant exemplaire
C’est l’une des causes principales de la désaffection des citoyens vis-à-vis de leurs représentants : les dirigeants ne sont pas toujours exemplaires. Dernier cas en date : Amélie Oudéa-Castéra au cœur d’une vive polémique sur la scolarisation de ses enfants dans le privé – en l’occurrence à l’établissement Stanislas –, choix qu’elle a justifié en attaquant vertement l’institution publique… Peut-être devraient-ils méditer la définition de l’exemplarité que proposent deux grands maîtres de la pensée chinoise, Confucius et Laozi, et un sage stoïcien, Sénèque…
Le sens du devoir et l’exemplarité sont des vertus cardinales dans la pensée confucéenne, qui insiste sur l’importance du respect de ses valeurs par les élites de la société. La pensée confucéenne promeut ainsi la figure du junzi (君), ou honnête homme, qui pratique la ren (仁), soit l’idéal d’humanité confucéen. Pour le sage chinois, l’obéissance du peuple découle de la vertu et de la bienveillance de ses dirigeants. Faire preuve d’exemplarité pour un chef se révèlerait bien plus efficace pour diriger un pays que de recourir au conflit ou à la contrainte, des méthodes qui font perdre du temps et de l’énergie.Dans son œuvre Le Livre de la Voie et de la Vertu, le poète chinois LaoZi vante les mérites d’un chef qui se met en retrait de ses sujets pour mieux les servir. Il explique ainsi que « celui qui veut mener son peuple doit se placer derrière lui ». Une idée à contre-courant de celle du chef charismatique et héroïque que se fait le monde occidental, mais qui fait sens dans les pays asiatiques. Ici, l’exemplarité passe avant tout par la discrétion et la bienveillance du dirigeant. Laozi rappelait ainsi que « la bonté suprême est comme l’eau, elle nourrit toutes les choses sans les disputer, et s’installe en lieux dédaignés par d’autres ». La légitimité du chef se reconnaît dans ce qu’il apporte au groupe, et c’est avant tout sa prévenance à l’égard de ses subordonnés qui lui fera gagner leur respect.
Quel autre philosophe ne saurait mieux incarner l’exemplarité que le stoïcien Sénèque ? Tout au long de sa vie, le philosophe latin, qui était pourtant l’un des hommes les plus riches de l’Empire romain, n’a cessé de prôner les vertus du dépouillement et de la modestie dans sa quête de la sagesse. « Longue est la route par le précepte, courte et facile par l’exemple », écrit-il. Des mots qui ont le mérite de souligner l’importance de la droiture dans le comportement pour enseigner aux foules. Après Sénèque, l’un des derniers représentants du stoïcisme antique, l’empereur Marc Aurèle, reste, lui, connu dans l’histoire pour être l’un des dirigeants les plus vertueux que la Rome antique ait connu.
Si l’exemplarité ne semble pas suffire à faire le chef, elle semble en tout cas participer à son charisme et à sa légitimité. Une leçon antique dont feraient peut-être bien de s’inspirer certains dirigeants actuels …
D’après un article d’ Emmanuelle Picaud publié le 15 février 2022 dans Philomag
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